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Connaissez vous l'histoire de votre famille

Connaissez vous l'histoire de votre famille
  • Publié le : 14-03-22
  • Catégorie : Art et Cultures

Interview Philippe-Edgar Detry auteur du livre " la famille namuroise Detry" cinq siècles d'histoire. Une aventure de généalogie.

Bonjour Philippe-Edgar 

Vous avez rédigé un ouvrage de 816 pages très impressionnant, qui contient une multitude d'informations sur votre famille.

Quand et comment avez-vous commencé votre travail ?

Je me suis intéressé à l'Histoire et à la généalogie à l'adolescence grâce à ma grand-mère paternelle dont j'étais proche, qui aimait la généalogie et avec laquelle pendant des mois j'ai inventorié les archives conservées dans la maison de famille: actes, photos, portraits, lettres, menus, souvenirs pieux, esquisses généalogiques etc. J'ai consigné tout cela puis ai étendu mes recherches au travers des fonds publics: Archives de l'Etat, Bibliothèque Royale, cercles de généalogie, archives du Cadastre et de l'Enregistrement, presse accessible d'abord dans des lieux publics et depuis quelques années en ligne etc. J'ai ensuite consulté et interviewé tous les membres possibles de la famille, consulté et reproduit leurs propres archives et...écumé les cimetières en photographiant les caveaux de famille. La publication que j'ai faite sur ma famille paternelle date de 2015, j'avais donc alors 53 ans et elle constituait 25 années de recherches interrompues par un mariage, trois enfants et une activité professionnelle. Mais en réalité ai publié depuis l'âge de 27 ans une trentaine de publications généalogiques sur l'une ou l'autre ascendance familiale car vous savez, Sophie, que nos quartiers d'ascendance à tous, sont nombreux et diversifiés.

Depuis 2015 ai publié la généalogie de ma mère et prépare pour le moment celle d'une arrière-grand-mère.Quand on est mordu...

Quelle était votre envie, votre objectif?

Connaître mes racines, tout azimut, et protéger au travers de publications, des documents qui ne passionnent pas toujours la famille qui les considère, bien à tort, comme de peu d'intérêt, et qui sans grande valeur vénale, sont souvent les premiers à disparaître lors d'un déménagement ou d'une succession.Perte irréparable car les archives et souvenirs privés ne se retrouvent jamais dans la consultation de fonds publics... C'est donc une œuvre de sauvegarde aussi.Mais au-delà de noms et de dates, il y a la volonté chez moi de retracer la vie de ces personnages familiaux dans leur histoire propre et dans leur temps. C'est passionnant et émouvant au plus haut point.

Nous sommes un maillon d'une chaîne et tout ce que nous portons en nous de positif ou de négatif dans nos racines constitue  qui nous sommes.

Quels sont vos outils pour construire une telle recherche, comment avez-vous opéré ?

La grande règle est de partir du connu vers l'inconnu et de remonter au travers des sources publiques que sont les actes d'Etat civil et les registres paroissiaux pour établir une ascendance fiable. Ne pas prendre pour argent comptant les notes familiales et les souvenirs oraux qui peuvent être véritables mais aussi totalement farfelus.

Dans les siècles passés, nombre de généalogies ont été bâties de toute pièce car elles étaient un outil de promotion sociale.

Il faut être circonspect, curieux, avoir parfois une intuition qui se vérifie...ou pas et surtout ne pas avoir un a priori positif ou négatif.Je veux dire par là que l'on peut appartenir depuis quelques générations à une famille "considérée" et avoir des origines qui s'avèrent... " modestes" et inversement appartenir aujourd'hui à une classe sociale jugée 'inférieure" et avoir des origines parfois... "prestigieuses". La roue tourne au sein des familles et ceux qui comptaient hier peuvent ne plus être dans cette situation et inversement.

Mais nous avons tellement d'ascendants que selon le vieil adage "nous descendons tous d'un baron et d'un pendu"! Je l'ai en tout cas constaté dans mon cas personnel! 

Jusque quelle époque avez-vous pu remonter, quand est née votre famille? 

Pour ma famille paternelle jusqu'au XVe siècle avec des pistes plus anciennes encore.Pour celle de ma mère jusqu'aux Capet, qui donnèrent les rois de France. Une multitude de Belges de souche descendent par exemple de manière prouvée de Charlemagne. 

Mais certaines familles ont laissé plus de traces que d'autres par des fonctions exercées, un petit patrimoine transmis ou tout simplement par les archives publiques qui ont ou pas été conservées On sait combien d'archives ont disparu lors de bombardements comme ceux de Namur, Tournai, Mons, Dinant, Louvain etc. La fusion des communes a créé aussi bien des pertes irréversibles dans certaines communes. Il y a donc une part de chance...

Comment a réagi votre famille? 

En grande majorité, très positivement. Certains y avaient un vrai intérêt et quant à ceux parfois moins concernés, voir consignée l'histoire de leur famille dans un livre à poser sur la table basse du salon,  faisait son petit effet! 

Quelles sont vos plus belles découvertes?

Humaines avant tout...Car outre manipuler des documents anciens, on crée de très nombreux contacts, on retrouve ou trouve une foule de cousins et cousines et c'est très enrichissant.

Sur le contenu même, elles furent nombreuses par la vie de tous ces personnages...qui ont aimé, pleuré, ri, ont été secoués par la vie et les événements. Dans des circonstances souvent différentes des nôtres mais pourtant avec tant de similitudes car nous restons des humains avec un cœur, un esprit, du courage ou pas, de la résilience ou pas.

Et puis il y a eu ces découvertes....un ancêtre banni du comté de Namur car soupçonné de se déguiser en religieux pour détrousser les voyageurs... ou une parenté établie entre deux personnages plutôt...différents, et moi: Johnny Hallyday et Jean d'Ormesson...par ailleurs, eh oui Sophie, c'est cela la généalogie, cousins entre eux! Qui l'eut pensé ! 

Quelles ont été vos plus grandes difficultés ?

Parfois de convaincre à communiquer des pistes, à prêter des documents mais aussi à s'ouvrir à moi. Car la généalogie est un peu une intrusion et soulève parfois des souffrances enfouies, des non-dits voire des secrets de famille.Il faut de la diplomatie et sans doute du cœur...

Quel est le destin de ce livre? 

Je l'espère d'avoir appris et touché ses lecteurs. D'avoir sensibilisé à la sauvegarde. Mon livre sur la famille Detry a été tiré à 600 exemplaires et il m'en reste 5...Il s'en trouve chez beaucoup de particuliers et dans des lieux publics un peu partout dans le monde: en Argentine, en France, en Italie, en Angleterre, aux Pays-Bas, en Espagne etc...

Un livre c'est un peu de soi que l'on transmet aussi! 

Est-ce que tout le monde peut faire de la généalogie ? Quels seraient vos conseils pour les personnes qui seraient tentées par l'aventure?

Bien sûr ! Il faut d'abord être patient et persévérant. Accepter aussi de consacrer un budget à la recherche et de préférence à la publication qui est l'aboutissement. 

Ensuite rassembler tout ce qui peut concerner la famille en son sein.Ne rien négliger.Une simple carte postale écrite peut-être une piste, une révélation de quelque chose.Et puis dialoguer avec tous ses proches et faire parler les personnes âgées. Ensuite corroborer tout cela au travers des sources publiques disponibles de plus en plus en ligne.

Vous verrez quand vous y aurez goûté, vous voudrez toujours aller plus loin et je vous garantis des émotions, des découvertes, et ce sentiment empli de richesse de découvrir ceux dont notre ADN est constitué. 

 

Bonnes recherches !  Merci Philippe-Edgar !

Sophie Mercier

Tags : senior

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